Ne pas se laisser enfumer et préparer la résistance !

, par Udfo57

Édito du "Combat social" de juin 2020, journal de l’Union départementale FO de la Moselle.

On assiste depuis quelques jours à une promotion médiatique intense sur le travail de la Convention citoyenne pour le climat, mise en œuvre en réponse à la « crise » dite des gilets jaunes par le président de la République, et composée de 150 personnes tirées au sort.

Il n’est pas question ici de commenter les mesures présentées par cette convention, même si certaines pourraient avoir un impact, et pas forcément positif, sur la vie quotidienne des travailleurs, sur leurs droits, leurs conditions de travail, leurs emplois.

Non, la question qui est posée ici, c’est celle de leur légitimité. Ces personnes, sûrement très honnêtes, qui souhaitent chambouler nos vies sont élues par qui ? Par personne, car elles sont tirées au sort !

Par qui sont-elles mandatées ? Par personne, hormis le président de la République qui a fixé la feuille de route !

A qui rendent-elles des comptes ? À personne. Et les demandes d’un recours au référendum ne serviraient d’ailleurs qu’à leur donner un semblant de légitimité.

On doit vraiment s’interroger sur ce que cherche le gouvernement : les propositions de la Convention seraient légitimes, ou reconnues comme telles par le pouvoir, alors que les revendications exprimées pendant des mois et des mois au travers des grèves et des manifestations, elles, ne le seraient pas ?

Macron et Philippe considèrent que la rue ne gouverne pas mais on devrait avaler que 150 personnes, encadrées par des experts libéraux et la Cfdt à la solde du gouvernement, régissent notre modèle social et économique ?

La réalité, c’est que cette démocratie dite participative n’est qu’une illusion. De la même manière que le dialogue social, prôné au travers des conférences sociales ou des pactes sociaux, n’est qu’un écran de fumée dont l’objectif est d’étouffer ou de faire taire les revendications.

C’est la raison pour laquelle Force Ouvrière a décidé de quitter la Conférence sociale régionale du Grand Est, au nom de l’indépendance syndicale et du refus de collaborer à la mise en œuvre des politiques publiques ; contrairement à toutes les autres organisations syndicales, Cfdt et Unsa en porte-flambeaux, qui acceptent de fait de devenir la courroie de transmission des politiques mais qui essaient de faire croire, qu’avec leurs propositions et leur engagement, elles participent à la reconstruction de l’économie.

Nous ne sommes pas dupes et surtout nous refusons de tromper les salariés. Nous ne nous laisserons pas enfumer… Aujourd’hui la seule question valable qui se pose pour FO, c’est celle de l’organisation de la résistance et du combat contre la régression sociale qui se poursuit et qui va s’aggraver.

Nos camarades hospitaliers, personnels de santé ou des établissements sociaux et médico-sociaux ont déjà ouvert la voie avec la mobilisation massive du 16 juin, et celle à venir du 30 juin.

Partout, cette question de la mobilisation se pose et se posera de plus en plus. Les conséquences économiques de la crise sanitaire, ou plutôt des décisions politiques prises pendant cette période, pourraient être catastrophiques. La deuxième vague pourrait bien être celle des licenciements et des faillites.

De fait, les annonces se multiplient dans le commerce, le bâtiment ou l’industrie. Nos camarades de GGB à Dieuze sont bien placés pour le savoir. Ces menaces sont bien réelles. De plus, à grand renfort de prédictions, parfois apocalyptiques, on prépare l’opinion à accepter des remises en cause fondamentales, présentées comme inéluctables.

Nous ne pouvons pas laisser les camarades se débattre seuls, entreprise par entreprise, confrontés au chantage patronal et condamnés à choisir entre emploi et baisse des droits, notamment des salaires. Le meilleur moyen de les soutenir, c’est d’engager le combat tous ensemble, de rappeler notre opposition aux lois Travail et aux ordonnances Macron, et d’exiger, en particulier, l’abrogation des accords de performance collective qui sont une arme de destruction massive dans les entreprises.

Le syndicat doit se mettre en ordre de bataille le plus tôt possible et réaffirmer sans délai toutes ses revendications.

Alexandre TOTT
Secrétaire général
UD FO Moselle