Le Combat social : journal mensuel de l’Union départementale FO Moselle

, par Udfo57

Éditorial
Alexandre TOTT
Secrétaire général

Les derniers de corvée continuent à payer pour les premiers de cordée !

Si d’aucuns doutaient encore que ce gouvernement était celui des riches et des entreprises, le doute est aujourd’hui complètement levé. Le mensuel « Alternatives économiques » a publié un article le 17 août concernant la situation financière du budget de l’État à fin juin 2018 à partir des données ommuniquées par le ministère des Comptes publics.

Selon ces informations, les recettes fiscales de l’État ont reculé de 2,4 % par rapport au premier semestre 2017. Cela conduirait à une perte de recettes de 14 milliards d’euros sur l’année 2018.

Le plus intéressant à observer - ou le plus inquiétant comme l’écrit ce mensuel d’information économique - c’est le décalage entre la fiscalité payée par les ménages (« les gens ordinaires ») et celle des entreprises et des premiers de cordée.


En effet, on voit du côté des ménages, et donc essentiellement des travailleurs, une augmentation particulièrement importante de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE), de la TVA et de l’impôt sur le revenu, et de l’autre une chute vertigineuse des recettes fiscales provenant de l’impôt sur les sociétés, de l’impôt sur la fortune immobilière (ex-ISF) ou encore de l’impôt forfaitaire sur les revenus du capital (baisse prévisible de 10,5 milliards d’euros sur l’année 2018 pour ce seul dernier impôt).

Au moment où les dividendes versés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 atteignent des records depuis 2006, on voit là très bien les effets de la politique du gouvernement Macron ; la baisse du coût du travail, les exonérations de cotisations sociales et autres cadeaux fiscaux consentis aux entreprises sont de fait assumés directement et indirectement par les salariés : directement par la baisse de leur pouvoir d’achat et indirectement par une remise en cause des missions de services publics et de la protection sociale collective.

Ainsi, le gouvernement prévoit la réduction de 30 milliards d’euros des dépenses publiques jusqu’en 2020, dont 1,2 milliard sur les hôpitaux et les ehpad déjà clairement exsangues. Dans ce but, le gouvernement a programmé 120 000 suppressions de postes dans la Fonction publique et une réduction importante des services publics au travers notamment de l’externalisation des missions.

La Sécurité sociale n’est bien entendu pas en reste. Le gouvernement s’y attèle dans une logique de réduction drastique des dépenses et de transfert du financement vers l’impôt (là aussi, ce qui n’est plus payé par les entreprises le sera principalement par les salariés).

Au-delà de la question centrale de la réforme des retraites qui arrive à grands pas, le gouvernement, par la voix de Madame BUZIN ministre de la Santé, envisage de transférer l’indemnisation des arrêts de travail de moins de huit jours aux entreprises.

Même si les organisations patronales s’offusquent et s’y refusent, on est là sur une question de principe et on voit clairement la volonté du gouvernement d’en finir avec les principes fondateurs de la Sécurité sociale qui sont notamment « de garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».

Avec un dispositif de cette nature, les entreprises et le patronat chercheraient évidemment en permanence à restreindre, à individualiser ou à conditionner les droits. Nous sommes bien placés en Moselle comme en Alsace pour savoir que les dispositions locales sur le maintien du salaire en cas de maladie sont souvent inappliquées et pas seulement dans les plus petites entreprises.

Ce dernier projet du gouvernement s’inscrit une nouvelle fois dans la logique du tout entreprise, de l’individualisation et de la déprotection des salariés qui est celle des ordonnances Macron.

De fait, les derniers de corvée continuent à payer pour les premiers de cordée ! La question d’une riposte d’ampleur dans le prolongement de la journée nationale interprofessionnelle du 28 juin est plus que jamais d’actualité.