LE COMBAT SOCIAL Force Ouvrière Moselle n’acceptera pas que les salariés paient les conséquences de la crise, et met en garde le gouvernement !

, par Udfo57

Éditorial du journal mensuel de l’Union départementale FO Moselle :

L’épidémie de covid-19 n’est pas encore derrière nous, tant s’en faut, et les conséquences sanitaires restent lourdes. De même, les conséquences économiques et sociales sont, d’ores et déjà, extrêmement importantes.

Plus de 800 000 emplois ont été détruits en moins d’an, les annonces de suppressions d’emplois et de plans sociaux se succèdent - même si tous n’ont pas la crise sanitaire pour origine, et que pour certains grands groupes, ou entreprises, il y a un effet d’aubaine qui leur permet, dans le même temps, de profiter très largement des aides de l’État, de restructurer, voire de licencier, et d’augmenter leurs profits et les dividendes des actionnaires.

Les salariés subissent bien entendu cette situation et s’interrogent sur l’avenir de leur emploi. Ils ont subi, en tout cas pour beaucoup dans les entreprises du secteur privé, les fermetures et l’activité partielle. Certes, ce dispositif collectif de protection sociale permet souvent d’éviter le licenciement, mais plusieurs millions de salariés connaissent depuis des mois une baisse importante de leur rémunération et de leur pouvoir d’achat qui pèse sur leurs conditions d’existence.

D’ailleurs, qui se préoccupe encore des salariés dits de la deuxième ligne et de la reconnaissance qu’ils méritent ? Qui, en dehors du syndicat, se préoccupe de leurs rémunérations, de leurs conditions de travail, de leurs qualifications professionnelles ou tout simplement de leur avenir ?

Alors oui, c’est « open-bar » pour les entreprises qui ont bénéficié, et bénéficient encore, de centaines de milliards d’euros d’aides fiscales et sociales. Et le « quoi qu’il en coûte » a fait long feu : on entend de plus en plus régulièrement maintenant qu’il va bien falloir payer la facture.

Et pour payer cette facture, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a déjà sa recette : les réformes structurelles ! Certes, le gouvernement a dû mettre la pédale douce sur ces réformes impopulaires, mais il n’a pas renoncé ; loin de là.

Malgré les illusions parfois, la réforme de l’assurance chômage, qui doit durcir les conditions d’affiliation et d’indemnisation par Pôle emploi, qui doit baisser le niveau d’indemnisation, reste d’actualité. Le Conseil d’analyse économique vient aussi de jeter un pavé dans la mare en préconisant de lier le niveau d’indemnisation des chômeurs à la situation économique. C’est exactement la même chose sur le dossier des retraites. Les ministres, les uns après les autres, expliquent certes que ce n’est pas le bon moment – comme la Cfdt d’ailleurs -, mais tous réaffirment leur détermination à mettre en œuvre le régime universel et le système de calcul par points sur toute la carrière avant la fin du quinquennat.

Si ce projet de réforme était aussi juste, solidaire, égalitaire, et généreux qu’ils le prétendent, alors pourquoi ne l’ont-ils pas encore fait ? Simplement parce que les travailleurs ne sont pas dupes, et qu’ils ont bien compris que l’objectif était de faire baisser le montant des pensions et de reporter l’âge de départ à la retraite. Simplement aussi parce que des syndicats, et en particulier Force Ouvrière, ont dit « non » ; qu’ils continuent à dire « non » et qu’ils font des retraites et de la protection sociale un casus belli.

Les services publics sont toujours dans le collimateur et il n’y a pas eu de trêve dans les restructurations et les suppressions de missions, de services et de postes. La politique du gouvernement continue à dégrader le service public, et pas seulement l’hôpital, les écoles, les collèges, les lycées et les universités.

L’état d’urgence et les ordonnances permanentes permettent aussi aux entreprises de déroger au Code du travail et aux droits en matière de congés, de repos, de durée du travail et d’ouverture de commerce le dimanche.

À ce propos, le Préfet de Moselle et plusieurs Maires ont décidé de manière unilatérale et sans aucune justification légale, sauf le fait du prince, de permettre l’ouverture des commerces tous les dimanches de janvier. Alors que tous n’ont que le dialogue social à la bouche, qu’ils demandent aux organisations syndicales au travers de conférences sociales ou de charte d’engagement de collaborer aux politiques publiques et à la mise en œuvre des contre-réformes, ils ne prennent même pas la peine de consulter sur cette question les organisations syndicales représentant les salariés (ils ne consultent personne d’ailleurs, même pas les commerçants eux-mêmes).

L’Union départementale a mandaté son avocat sur cette question pour contester en justice les arrêtés du Préfet et les arrêtés des maires dans les communes concernées.

Ce panorama ne serait pas complet, si on n’abordait pas la question de la proposition de loi sur « la sécurité globale » qui porte atteinte aux libertés fondamentales et des décrets qui autorisent dorénavant le fichage de la population selon les opinions politiques, philosophiques, religieuses, et selon l’appartenance syndicale et son utilisation au nom de la sécurité intérieure.

On comprend bien qu’il s’agit là d’une véritable dérive autoritaire et sécuritaire et d’une volonté du gouvernement d’étouffer toute possibilité de résistance. Le syndicat est légitime à agir et à se mobiliser : la défense des libertés démocratiques et le combat pour les droits sociaux sont intimement liés. C’est la raison pour laquelle l’Union départementale FO de la Moselle a condamné ces réformes, en a exigé le retrait et s’est mobilisée depuis plusieurs semaines.

La Cgt appelle à une journée d’action interprofessionnelle le 4 février sur des thématiques et des revendications très générales. FO Moselle considère qu’il est nécessaire de poursuivre le combat interprofessionnel pour les revendications, mais a indiqué que les conditions n’étaient pas réunies aujourd’hui pour assurer le succès d’un véritable rapport de force. La mobilisation et la grève interprofessionnelle ne se décrètent pas, elles se construisent méthodiquement comme nous l’avons fait fin 2019 - début 2020 sur les retraites.

Cela étant, Force Ouvrière n’acceptera pas que les salariés paient les conséquences de la crise, en aucune manière. Il est de la responsabilité du syndicat de mettre en garde le gouvernement sans attendre : s’il s’entête à maintenir ses contre-réformes, s’il s’entête à ne pas mettre de véritables moyens pour préserver et renforcer la protection sociale, les services publics et la santé, s’il s’entête à ne pas répondre aux revendications salariales, alors le gouvernement prend le risque d’un conflit social majeur. Et Force Ouvrière y prendra toute sa place.

Alexandre TOTT
Secrétaire général