Aujourd’hui, les revendications demeurent... et le « jour d’après », le combat des travailleurs se poursuivra !

, par Udfo57

Éditorial du" Combat social", journal de l’Union départementale FO de la Moselle :

"L’épidémie de coronavirus et l’état d’urgence décrété par le gouvernement viennent percuter la vie quotidienne de l’ensemble de la population. La santé et sécurité de tous sont menacées, la maladie, les décès sont devenus le centre de l’actualité.

Dans ce contexte, et bien qu’il soit nécessaire de combattre ce virus et ses conséquences, les libertés individuelles et collectives en deviennent secondaires, le droit du travail et le droit social devraient s’effacer devant les nécessités sanitaires, mais surtout devant les exigences économiques.

La propagande est telle que ces restrictions et remises en cause pourraient sembler aller de soi ; or il n’en est rien. Certes nous sommes en situation de crise et il faut agir dans de nombreux domaines, mais l’Union départementale FO de la Moselle n’acceptera, en tant qu’organisation syndicale syndicale libre et indépendante, aucune dérive démocratique et aucune remise en cause des droits et garanties des salariés.

Comme le montre ce numéro du Combat social, le syndicat et les revendications ne sont pas en quarantaine. Et l’Union départementale a continué à prendre position et à agir depuis le début du confinement sur les mesures décidées par le gouvernement.

C’est le cas bien évidemment sur la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les hôpitaux et les Ehpad, leurs personnels, patients et résidents. Les politiques économiques d’austérité, les plans « santé » divers et avariés menés depuis des années, sous plusieurs gouvernements successifs, ont conduit nos hôpitaux et nos Ehpad à la limite de la rupture, et ceci bien avant la crise ; c’est ce qui explique les mobilisations massives des personnels soignants et des syndicats, dont Force Ouvrière, face auxquelles les gouvernements sont restés sourds, voire indifférents.

Fermetures d’hôpitaux et de services, suppressions massives de lits et de personnels, restrictions budgétaires et manque de moyens : ils ont, tous, une responsabilité écrasante en la matière... les établissements, quels qu’ils soient, ne tiennent que par le dévouement et l’engagement des personnels qui travaillent dans des conditions épouvantables.

Le rôle du syndicat dans cette situation c’est également d’exiger du gouvernement, des pouvoirs publics, des entreprises qu’ils garantissent la santé et la sécurité des salariés ; leur vie doit prévaloir sur toute autre considération, y compris l’économie.

C’est la raison pour laquelle l’Union départementale a dénoncé le double discours du gouvernement depuis le début de la crise : d’un côté, le confinement est le seul remède contre le virus et le président de la République a encore annoncé - dans un discours dégoulinant d’empathie - sa prolongation jusqu’au 11 mai ; on nous abreuve d’ailleurs à longueur de journée, de tonitruants « Restez chez vous ». De l’autre, la pression se fait de plus en plus forte pour faire reprendre le travail dans de très nombreux secteurs d’activité alors que parfois les mesures de protection restent symboliques ou artisanales, voire inexistantes notamment dans les plus petites entreprises : pas de masques, pas de dépistage, et de ce point de vue encore la responsabilité de l’État est écrasante. Les jeunes et les enseignants seront également renvoyés dans les classes sans autres formes de procès. Que cherche le gouvernement ?

Enfin - si l’on peut dire -, il faut également dénoncer la poursuite des politiques libérales du soi-disant « monde d’avant » : notamment les ordonnances prises par le gouvernement permettant de déroger au droit du travail en matière de congés, de repos ou de durée du travail. Les propos de plusieurs membres du gouvernement qui ne promettent pour la sortie de crise « que du travail et des efforts » et ceux du Medef, dans la même veine, sont simplement inacceptables. Ils ont beau tenter de rétropédaler aujourd’hui, tous nous savons quels sont leurs objectifs.

Et il faudrait que les organisations syndicales accompagnent le gouvernement et le patronat pour préparer les conditions de la reprise économique ?! Certains nous appellent à travailler tous ensemble à construire un « capitalisme à visage humain », d’autres, comme le gouvernement, veulent nous associer, nationalement, dans les départements et les régions, à des conférences sociales dont l’objectif sera de faire passer l’idée que les efforts et les sacrifices sont inévitables et qu’il faudrait s’y résigner pour le bien commun, pour la « reconstruction ».

Ainsi, pour certains commentateurs et prétendus « sachants », experts ou consultants en tout genre, les salariés devraient s’apprêter à être enrôlés dans la grande « armée de la reconstruction » dont les syndicats seraient alors les caporaux !

L’Union départementale FO de la Moselle ne s’engagera pas dans cette voie. Pour FO, le syndicat n’est pas, et ne sera jamais, un des rouages de l’État ou des entreprises. Il restera, en toute indépendance sur le terrain qui est le sien, celui de la défense des intérêts des travailleurs, des revendications et du combat.

Aujourd’hui, les revendications demeurent, et « le jour d’après » sera syndical. Le combat se poursuivra contre la politique libérale du gouvernement ; en commençant d’ailleurs par réforme des retraites, les hôpitaux, la durée du travail et les repos, ainsi que les salaires !"

Alexandre TOTT
Secrétaire général
Union départementale FO de la Moselle