Quand la Cfdt soutient l’austérité, de droite, puis de gauche !

, par Udfo57

Éditorial du Combat Social du mois de septembre..

Le COMBAT SOCIAL est le journal de l’Union départementale des syndicats FORCE OUVRIERE de Moselle. Il s’agit d’une publication mensuelle adressée aux syndicats FO.

On le voit bien, partout en Europe, la Commission européenne, la BCE et le FMI (la Troïka) exigent des États qu’ils engagent des réformes structurelles de fond pour les autoriser à bénéficier d’aides financières.

Au nom de cette aide financière, de la réduction des dettes et des déficits, de la préservation de l’euro, des pays comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne mènent des politiques d’austérité sans précédent qui remettent en cause les services publics, la protection sociale, les conventions collectives, le droit du travail, le pouvoir d’achat des travailleurs...

C’est au nom du MES (Mécanisme européen de stabilité) et de la règle d’or budgétaire, institués par le dernier traité européen adopté au mois de juin, que la Troïka réussit, notamment en Grèce encore récemment, à imposer, de force et au mépris de la souveraineté des États et des peuples, l’ensemble des mesures d’austérité qui font s’effondrer les économies et conduisent les salariés à la misère.

Quel que soit le prix à payer, le Traité européen élaboré par le couple Merkel - Sarkozy doit s’appliquer. Malgré une campagne orientée sur le changement, le président Hollande vient de réaffirmer avec les dirigeants européens l’inéluctabilité de l’euro et donc de celle de la ratification du Traité européen.

Force Ouvrière rappellera dans les jours à venir son opposition à la ratification du Traité européen et de la règle d’or. La Confédération s’adressera à tous les responsables des groupes parlementaires pour leur demander de refuser cette ratification. Ce courrier sera relayé en Moselle auprès de tous les députés et sénateurs et un tract national sera édité pour informer les salariés et permettre qu’ils s’expriment sur cette question ; car chacun a bien compris qu’il n’y aurait pas de référendum.

Cette campagne d’information sera d’autant plus importante qu’il faudra se tenir prêt à affronter des mesures qui risquent de tomber très vite car comme en Italie, en Espagne ou en Grèce, le gouvernement va lancer sa réforme du marché du travail et plus tard du financement de la protection sociale ; un seul objectif réduire le coût du travail.

Tout le monde se souvient que la Cfdt en 2010 acceptait le principe de l’allongement de la durée de cotisation pour réformer et sauver nos retraites. On sait ce qu’il en est aujourd’hui.

La Cfdt vient d’offrir une nouvelle fois ses services au gouvernement, et se permet même le luxe de considérer que le gouvernement est trop lent et n’agit pas suffisamment rapidement, de la même manière que le font Laurence Parisot pour le Medef, ou bien encore les membres de l’ancienne majorité.

François Chérèque a en effet annoncé qu’il demanderait à son bureau national d’appeler à la ratification du traité européen, et dans ce cadre n’a pas hésité, dans une interview donnée début septembre au « Journal du dimanche », à expliquer que « Le gouvernement doit accélérer les réformes, les partenaires sociaux aussi. Nous (les syndicats) devons lancer la négociation sur le marché du travail au plus vite, pour la conclure au plus tôt ».

Alors que le gouvernement hésite encore à parler officiellement de flexibilité ou d’accord compétitivité-emploi, la Cfdt se lance sans aucune hésitation. François Chérèque s’explique sur la compétitivité des entreprises et considère que « le coût du travail est aussi un facteur de perte de compétitivité. Il faut le baisser en transférant une partie de charges sur la CSG sans toucher le pouvoir d’achat ». Ce qui paraît clair, c’est que nous aurons à combattre pour défendre nos contrats de travail, nos salaires et la sécurité sociale, car c’est tout cela qui est menacé par cette pseudo nécessité de réduire le coût du travail.

Ce que nous promettent le gouvernement, le patronat et leur allié « syndical », c’est le traitement de cheval que l’Allemagne a fait subir à sa sécurité sociale de 1990 à 2000 et comme le reconnaît « Le Figaro » suite à un rapport récent du Trésor sur l’Allemagne : « Respecter l’équilibre des compte de la sécu ne va toutefois pas sans sacrifice. La pauvreté est plus présente outre-Rhin, et c’est une conséquence imputable au système de protection sociale ».

Ce qui est tout aussi clair, c’est que le gouvernement nous aura face à lui s’il s’engage sur cette voie, et la Cfdt aussi, si une fois encore elle loue ses services pour brader nos droits.