Partout en Europe, un coup de balai sur l’ensemble des droits des salariés.

, par Udfo57

Éditorial du Combat Social de février.

Le COMBAT SOCIAL est le journal de l’Union départementale des syndicats FORCE OUVRIERE de Moselle. Il s’agit d’une publication mensuelle adressée aux syndicats FO.

Il n’y a plus aucune limite à ce qu’il faut bien qualifier de dictature de la dette et des déficits.

Pour s’en convaincre, Il n’y a qu’à regarder la manière dont les gouvernements de la zone euro, la Commission européenne, la BCE, ou encore le FMI imposent à la Grèce plans d’austérité après plans d’austérité.

Cette fois ce qui est au menu européen, pour la Grèce, c’est une baisse de 22% du SMIC pour le ramener à 586 euros bruts par mois (-10% encore pour les moins de 25 ans), une nouvelle baisse des retraites complémentaires, ou encore, une nouvelle purge des emplois publics.

Comme le dit très justement Jean-Claude Mailly dans son récent édito de FO Hebdo, « c’est tout un peuple qu’on humilie et qu’on met à genoux ».

Ce menu qui conduit inévitablement à la misère est servi dans toute l’Europe.

L’Italie prépare la fin du CDI. Le gouvernement espagnol, de son côté, vient de décider de réformer le droit du travail.

Le très patronal journal Les Échos titrait il y a quelques jours, et avec une grande lucidité : « L’Espagne donne un grand coup de flexibilité à son marché du travail ».

Ce qui a été décidé en Espagne, c’est la réduction du coût des licenciements et la décentralisation de la négociation collective. Les accords d’entreprises primeront désormais sur les conventions collectives. Les entreprises pourraient même ainsi cesser d’appliquer ces accords d’entreprise après deux mois de baisse d’activité. Plus qu’un grand coup de flexibilité, c’est un grand coup de balai qui est donné dans les droits collectifs des travailleurs.

Présentées comme des mesures pour lutter contre les effets de la crise de la dette, toutes ces décisions ne sont que la traduction, dans tous les pays de la zone euro, du « pacte euro plus » adopté en mars 2011 : réforme des régimes de retraite, suppression des mécanismes d’indexation des salaires ou des minima sociaux, « modération » salariale, décentralisation des niveaux de négociation remettant en cause les conventions collectives, inscription dans toutes les constitutions de la règle d’or budgétaire et donc de l’austérité permanente.

Ce pacte de régression sociale, il est à l’œuvre en France également. Il n’a échappé à personne que depuis la révision générale des politiques publiques et la remise en cause des retraites, les plans d’austérité se succèdent.

Le nouveau cheval de bataille du gouvernement et du président de la République, c’est la réduction du coût du travail. Cela pourrait se traduire par la suppression des cotisations patronales d’allocations familiales ; première étape avant d’autres exonérations de cotisations, et nouveau cadeau fait aux entreprises que paiera l’ensemble de la population, et en particulier les salariés, les chômeurs ou les retraités, par une augmentation très nette de la TVA qui deviendrait d’un coup très sociale. Le projet de loi a déjà été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale.

Et comme en Espagne, une réforme du droit du travail est en préparation pour assurer la primauté des accords d’entreprises sur les conventions collectives, et pour permettre aux employeurs d’ajuster les horaires de travail à l’activité, en imposant aux salariés des baisses de salaires.

Et si les syndicats n’acceptaient pas de mettre en musique ces nouvelles déréglementations, le président-candidat menace d’avoir recours à une nouvelle arme : le référendum.

Une fois encore, comme la Confédération, l’Union départementale rejette en bloc toutes ces mesures d’austérité ; règle d’or, TVA sociale ou fiscalisation de la sécurité sociale, flexibilité et précarité généralisée.

Une fois encore, l’Union départementale réaffirme qu’il n’y a pas d’autre voie possible que d’organiser la grève interprofessionnelle pour l’arrêt de cette politique destructrice. Mais cela nécessite avant tout la clarté des revendications. Ce n’est pas le cas de celles de la Confédération européenne des syndicats qui appelle à une action européenne le 29 février prochain. Comment être d’accord en effet avec les déclarations de la secrétaire générale de la CES qui considère que « les mesures d’austérité ne sont pas les seules réponses à la crise ».

A en croire Bernadette SEGOL, secrétaire générale de la CES, les mesures d’austérité sont donc bien une réponse à la crise !

Pour FO, dans tous les cas de figure, l’austérité ne sera jamais une réponse acceptable, même parmi d’autres. Nous n’acceptons pas, comme le fait l’intersyndicale officielle en France, la prétendue nécessité de réduire la dette et les déficits, tout simplement parce que cette crise est celle du système capitaliste, et que ce n’est pas aux salariés de payer la note.

Nous ne participerons donc pas (ni au niveau national, ni au niveau local) à la journée d’actions organisée le 29 février par la CGT, car de fait il ne s’agit que d’une journée d’actions électorale.

Alexandre TOTT
Secrétaire général
UD FO Moselle