Maintenir toutes nos revendications sans exception, oui c’est normal !

, par Udfo57

Éditorial du Combat Social de mai/juin.

Le COMBAT SOCIAL est le journal de l’Union départementale des syndicats FORCE OUVRIERE de Moselle. Il s’agit d’une publication mensuelle adressée aux syndicats FO.

Le gouvernement « normal » est à l’œuvre depuis peu, et a lancé son processus de consultation des organisations syndicales et patronales. Chacune d’elles a donc été reçue séparément le 29 mai par le Premier ministre, avant une prochaine réunion dite de méthode le 5 juin et enfin une conférence sociale avant la mi-juillet.

La méthode est censée rénover le dialogue social. Nous jugerons sur pièce ! Mais pour FO, il s’agit de ne pas s’enfermer dans un carcan, ni sur la forme, ni sur le fond.

L’essentiel c’est la défense des revendications et elles ne manquent pas !

La question des retraites par exemple va être rapidement un des sujets prioritaires. Aujourd’hui le gouvernement limite la discussion à un aménagement par décret de la loi Sarko/Fillon de 2010 pour permettre le départ en retraite à 60 ans des salariés ayant commencé à travailler à 18 ans et ayant cotisé 41 ans. Le débat est centré sur les périodes prises en compte pour la durée de cotisations : s’agit-il des périodes réellement travaillées donc cotisées ou des périodes validées donc celles prenant en compte les aléas de la vie pour lesquels les salariés sont couverts (notamment les périodes de chômage… ou encore les bonifications pour enfants) ?

La discussion n’est pas sans effet dans la mesure où selon le choix, le nombre de salariés concernés sera plus ou moins important. Mais surtout, un refus du gouvernement d’intégrer l’ensemble des périodes validées (qui sont aujourd’hui la référence pour un départ à 62 ans) serait un signe très fort vers une individualisation encore plus importante des retraites ; individualisation par définition contradictoire avec un régime de retraite (principal) par répartition.

C’est la raison pour laquelle la Confédération FO demande par principe la prise en compte de l’ensemble des périodes validés et des bonifications. Mais Force Ouvrière ne peut se satisfaire de cette seule discussion.

Nous devons réaffirmer haut et fort les revendications des syndicats définies en congrès, et notamment l’abrogation de la loi de 2010, le retour véritable à la retraite à 60 ans à taux plein avec 40 ans de cotisations dans la perspective d’un retour à 37 ans et demi, le refus du régime unique par points comme le revendique la Cfdt et comme le prévoit la loi de 2010.

De manière plus générale, là aussi tant sur la forme que sur le fond, Force Ouvrière doit continuer, à tous les niveaux de la Confédération, à refuser le carcan de l’austérité, même affublé d’une touche de croissance.

Chacune de nos revendications légitimes, le maintien de tous nos mécanismes de solidarité collective sont en effet en contradiction avec l’application des traités européens (pacte budgétaire et règle d’or, mécanisme européen dit de stabilité). C’est pour cela que FO les rejette. Et l’Union départementale de Moselle affirme, de plus, qu’il ne peut y avoir une méthode de dialogue et une conférence sociale « normales » dans un cadre qui accepte l’austérité.

S’arquebouter sur nos revendications, toutes nos revendications sans exception, c’est la seule manière de combattre l’austérité ; de l’augmentation du smic à 1340 euros nets, de l’augmentation générale des salaires, en passant par l’arrêt de la RGPP, la défense des principes fondateurs de la Sécurité sociale, le refus de toute forme de fiscalisation de son financement et l’arrêt des exonérations des cotisations patronales, jusqu’au refus de la déréglementation du droit du travail au nom de la compétitivité…

Refuser de faire payer la crise aux travailleurs, c’est aussi exiger du gouvernement des mesures concrètes et déterminées pour arrêter la spirale des destructions d’emplois et de l’augmentation du chômage (depuis 12 mois de manière consécutive) ; il ne suffit pas de créer un ministère du redressement productif, il faut surtout des actes.

Nos instances syndicales ont défini depuis des mois des revendications en la matière. Elles sont nombreuses, et toutes doivent être défendues. Il n’y a pas de revendication honteuse, ou qu’on devrait taire parce qu’il faut paraître raisonnable. Les deux derniers comités confédéraux nationaux ont considéré que lorsque l’emploi est menacé dans des secteurs d’activité qui sont stratégiques, l’État doit pouvoir prendre le contrôle des entreprises défaillantes.

La nationalisation n’est ni un tabou, ni un gros mot. C’est tout simplement une nécessité ou une exigence « normale » que nous devons tous porter. A l’Union départementale de Moselle, nous l’assumons.

C’est la raison pour laquelle, l’Union départementale s’est adressée au président de la République pour lui demander d’agir rapidement pour le redémarrage des hauts fourneaux de Florange alors qu’ArcelorMittal a exclut tout redémarrage au moins jusqu’en fin d’année (communiqué et lettre en page 3).

Il n’est pas impossible que le gouvernement prévoie par la loi d’imposer aux grandes firmes qui ne veulent plus exploiter leur site de le céder à un repreneur. Mais même dans ce cas, il y aurait encore un pas à franchir, et comme nous l’écrivons à Monsieur Hollande : à Florange, « il ne peut y avoir de repreneur sérieux et légitime que l’État lui-même ». Cela implique qu’il doit prendre le contrôle et nationaliser.

Cette revendication fait d’ailleurs son chemin. En Loire Atlantique, par exemple, toutes les organisations syndicales départementales n’ont-elles pas appelé à la grève et à manifester le 23 mai dernier pour exiger la nationalisation des chantiers navals de Saint-Nazaire, ou à défaut que l’État devienne l’actionnaire majoritaire ?! N’est-ce pas ce chemin qu’il faut prendre pour imposer au gouvernement de s’affranchir des dogmes libéraux de l’Union européenne ?

En quoi cela serait-il « anormal » ?