Mais en réalité peu importe ce qu’il est. Ce qui intéresse les travailleurs, et qui pour le coup intéresse notre organisation syndicale, c’est ce qu’il fait.
Pas de virage donc, le programme du gouvernement pour les mois et les années à venir n’est qu’une aggravation des politiques d’austérité. Et c’est déjà de trop et tout à fait inacceptable.
Force Ouvrière n’accepte pas cette logique de baisse du coût du travail qui s’est traduite par plus de flexibilité et moins de droits pour les salariés, et qui va se traduire par de nouveaux cadeaux aux entreprises de l’ordre de 30 à 35 milliards d’euros par la suppression des cotisations d’allocations familiales.
Cette décision est scandaleuse à plusieurs titre :
Elle s’inscrit déjà dans la longue lignée des exonérations de cotisations de sécurité sociale consenties aux entreprises sans que personne n’ait pu prouver leur efficacité sur l’emploi (pour mémoire plus de 370 milliards depuis 1991).
Cette mesure constitue de fait aussi un hold up vis à vis des travailleurs. Les cotisations sociales des employeurs et des salariés constituent un salaire différé qui leur garantit des droits à l’assurance maladie, à la retraite, aux prestations d’allocations familiales ; c’est un salaire différé qui permet de faire face à tous les aléas de la vie, et c’est ce salaire qui est détourné.
Cette décision met aussi en péril la Sécurité sociale elle-même. Le président avait déjà déclaré lors de ces voeux que "la Sécurité sociale devait en terminer avec les excès et les abus".
Le président a beau le nier, ce sont les travailleurs qui paieront sous une forme ou sous une autre ce transfert de cotisations par la remise en cause de la sécurité sociale et des services publics (50 milliards de réduction des dépenses publiques), et par des taxes et des impôts comme le prouve le financement par les ménages des 20 milliards du CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) au travers de l’augmentation notamment de la TVA.
Cette politique d’austérité a montré partout en Europe qu’elle conduit à la faillite et à la misère. Oui, nous devons donc en terminer avec les excès et les abus. Mais avec ceux de ce gouvernement et de la politique qu’il conduit au nom des dogmes européens.
De conférences sociales en pactes, le gouvernement poursuit sa stratégie d’intégration des organisations syndicales ; stratégie définie dans le rapport Gallois qui en appelait à en finir avec "le dialogue social fossilisé" et le "Pacte hérité des Trentes glorieuses", comme il faudrait en finir avec la sécurité sociale issue du Conseil national de la résistance. C’est dans ce cadre que le président de la République veut faire acter, au printemps, l’accord des syndicats sur son pacte avec le patronat.
Le meeting national FORCE OUVRIÈRE du 29 janvier tombe donc à point nommé pour réaffirmer nos revendications et nous mettre en ordre de bataille.
Alexandre TOTT
Secrétaire général
FO Moselle