Ce nouveau report, associé à une quasi-absence d’entretien des installations, fait craindre légitimement un arrêt définitif des hauts fourneaux.
Ce n’est d’ailleurs une surprise pour personne, et même pour le gouvernement qui refuse, de son côté, de prendre ses responsabilités. Le ministre de l’Industrie a beau prétendre que l’engagement de l’État est total, la réalité c’est qu’il se refuse à prendre les décisions nécessaires pour le redémarrage. L’État est tout aussi responsable que Mittal.
Lors de l’assemblée générale, après les interventions des organisations syndicales condamnant la décision de Mittal, de nombreux salariés, y compris des entreprises sous-traitantes, sont intervenus pour dénoncer cette annonce qu’ils considèrent comme définitive et qu’ils n’acceptent pas.
Ils ont affirmé leur détermination à ne rien lâcher, à se mobiliser et à combattre pour le redémarrage des hauts fourneaux qui, pour nombre d’entre eux, passe par une reprise en main par l’État, et donc par la nationalisation. Cette position qui est celle de FORCE OUVRIERE n’est pas partagée par l’ensemble des syndicats, et c’est leur droit.
Un syndicaliste CGT a rappelé le sort qui a été celui de la sidérurgie nationalisée dans les années 80. Et c’est un fait que le gouvernement du moment a quasiment liquidé la sidérurgie. Un autre, CFDT, a expliqué qu’il ne serait moralement pas acceptable d’exonérer Mittal de ses responsabilités en faisant financer la rénovation des installations par la collectivité alors que l’entreprise réalise des milliards de bénéfices.
Selon lui, la solution passerait par la transposition du modèle allemand des "Fondations" où l’essentiel des profits est réinvesti dans l’entreprise et pas reversé aux actionnaires. Le modèle en la matière serait le groupe Bosch. À voir !
Mais tout est-il rose dans le petit monde des Fondations ? Par exemple, le groupe allemand Bertelsmann, lui aussi dirigé majoritairement par une Fondation. Ce groupe de média puissant (RTL, presse écrite, Arvato...) qui fait plus de 600 millions de bénéfice détient notamment la société Sonopress qui produit des CD audio à Forbach. Fondation ou pas, le groupe a décidé de fermer l’usine, de licencier les 51 salariés mosellans pour rapatrier l’activité en Allemagne. Un vrai modèle en somme !
Il ne faudrait donc pas oublier l’essentiel : si l’État ne reprend pas l’exploitation des hauts fourneaux très rapidement, qui contraindra Mittal à reprendre la production alors que chacun sait que ses intérêts et celui de ses actionnaires sont ailleurs ?
Pour l’Union départementale FO Moselle, il est hors de question de laisser Mittal s’enrichir encore sur le dos des salariés de Florange. L’État doit reprendre les installations sans indemnités, ni rachat. Il n’y a pas d’autre choix possible.
Les salariés agiront, dès lundi prochain, en interdisant aux dirigeants d’accéder à l’usine jusqu’à la reprise de l’activité. Les 800 présents à l’assemblée générale sont bien déterminés à ne pas en rester là. Ils l’ont fait comprendre à l’intersyndicale.