Éditorial du Combat social de mai 2017 : journal mensuel de l’Union départementale FO de Moselle.

, par Udfo57

Il suffirait d’une étincelle !

Interrogé par la presse et commentant l’élection d’Emmanuel Macron, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT - qui a appelé à voter pour le candidat -, explique n’être « ni un allié docile, ni un opposant de principe » ; il tente ainsi de faire illusion sur la supposée indépendance de la CFDT et sa volonté de défendre les intérêts des salariés.

Il s’agit d’une vaste supercherie que les faits démasqueront très rapidement, ainsi que l’intéressé lui-même puisqu’il se répand abondamment sans état d’âme dans d’autres quotidiens. En effet, ne sachant semble-t-il plus très bien s’il est responsable syndical ou politique, Laurent Berger appelle le président à « partager le pouvoir » : une nouvelle offre de services qui s’inscrit dans le prolongement de sa collaboration à toutes les politiques de régression sociale de ces dernières années.

Le secrétaire général de la CFDT l’assume d’ailleurs totalement quand il explique le 16 mai dernier au journal Les Echos qu’ « En France, la CFDT a pris le risque de soutenir la politique de restauration des marges des entreprises ». Peu importe donc les conséquences de ladite politique depuis 5 ans, sur le Code du travail et les droits collectifs et individuels, sur les retraites, sur la protection sociale, sur les Services publics… ce qui compte ce sont les marges des entreprises, leurs résultats, leurs profits et leurs dividendes.

Cette explication de la CFDT fait écho tout naturellement aux propos du président de la République lors de son intronisation, lui qui veut mettre sa politique au service des entreprises. Ce que confirme d’ailleurs la nomination récente du nouveau gouvernement dont le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est d’une essence pour le moins libérale.

La CFDT va donc pouvoir continuer à officier dans le même registre, même si elle sera tentée de jouer les gros bras pour tenter de continuer à faire illusion. Il ne faudra donc pas se laisser abuser.

C’est d’autant plus important que le projet de Monsieur Macron est d’une gravité extrême pour les acquis des salariés. Personne ne connaît le résultat des élections législatives à venir… cependant la situation politique pourrait être des plus compliquées pour la majorité présidentielle. Néanmoins, on sait les priorités et les axes des contre-réformes pour les cinq ans à venir :

 Aggravation planifiée de la loi Travail dans le prolongement du rapport Combrexelle et des préconisations de Manuel Valls pour renforcer la primauté de l’accord d’entreprise contre les conventions collectives, aggravation de la loi Rebsamen par le regroupement des Instances représentatives du personnel dans une instance unique et reconnaissance du licenciement abusif par un dispositif de barèmisation ;

 Renforcement du pacte de responsabilité au travers notamment de nouvelles baisses de cotisations patronales, attaques contre les principes fondateurs de la sécurité sociale au travers du financement et poursuite d’une politique hospitalière (groupements hospitaliers de territoires, autonomie/privatisation des établissements) qui ne peut que conduire à des désastres sanitaires ;

 Etatisation de l’assurance chômage, remise en cause de la retraite par un mécanisme de retraites par points diminuant les droits à pension et ouvrant une voie royale à la capitalisation, poursuite de l’affaiblissement des services publics par la suppression massive de fonctionnaires et la remise en cause du statut général de la Fonction publique…

Tout ne peut pas être détaillé et il faudra d’ailleurs analyser précisément ce projet libéral. Mais une chose est sûre, Monsieur Macron veut taper fort, et vite par voie d’ordonnance.

Tout ne se passera pourtant pas aussi simplement qu’il l’a prévu. Les seize millions d’électeurs qui se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul, les millions qui ont voté par dépit, sont là pour lui rappeler qu’il n’y a pas d’adhésion généralisée à son projet.

Il trouvera sur sa route, et son gouvernement avec lui, les organisations syndicales qui ont constitué un front de résistance à la casse sociale et à la remise en cause des acquis ; ceux de 1936, ceux de 1945 et tous ceux gagnés depuis de haute lutte.

Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy et « expert » des politiques sociales, prévient dans Le Figaro du 13 mai : « Dans un climat de défiance, d’hostilité de classes, une étincelle peut venir d’une mesure en apparence anodine ».

On ne saurait mieux dire ! Alors bas les pattes, pas touche au Code du travail, pas touche aux conventions collectives et aux statuts, pas touche à la sécu, aux retraites et de manière générale à la Protection sociale, pas touche aux Services publics républicains.

Oui nous sommes déterminés à combattre !