<Font color="#CCCC33">Éditorial du Combat social d’août 2014 : journal mensuel de l’Union départementale FO de Moselle.

, par Udfo57

LES CHARLATANS !

La rentrée aura été marquée, au moins symboliquement, d’une part par le mini changement gouvernemental et l’arrivée d’un représentant de la finance au Ministère de l’économie, et d’autre part, par le discours du Premier ministre à l’université d’été du Medef et son désormais célèbre « J’aime l’entreprise ».

Au-delà du côté ridicule du propos, ce qui est significatif c’est l’ovation que les chefs d’entreprise ont réservé à Manuel Valls ; preuve, s’il en fallait encore, de la logique libérale du discours et de la politique gouvernementale.

Mais plus qu’un symbole, il y a là l’affirmation que la politique d’austérité menée par le gouvernement depuis la ratification du traité budgétaire européen va continuer, sinon s’accentuer.

Y a-t-il désormais encore des limites à ces réformes qui consistent à réduire drastiquement l’ensemble des services publics, à multiplier les aides financières aux entreprises - plus de 40 milliards d’aides fiscales et sociales qui vont mettre la protection sociale en péril - à s’attaquer aux protections des salariés contenues dans le Code du travail ?

Au nom de la croissance et de la compétitivité, la plupart des exigences patronales sont systématiquement satisfaites : baisse des charges, allongement de la durée de cotisation pour la retraite, précarisation et flexibilité.

Demain, il s’agira d’imposer l’ouverture des magasins le dimanche, de simplifier les dispositifs de seuils sociaux dans les entreprises pour leur permettre de s’exonérer le plus possible de la présence des instances représentatives du personnel et des organisations syndicales. Emmanuel Macron n’a t-il pas aussi lancé le débat sur les 35 heures avant même son intronisation à Bercy ?

Le gouvernement a beau rétropédaler en affirmant qu’il n’est pas question de revenir sur la durée légale du travail, chacun sait que le problème n’est pas là. L’objectif est d’obtenir de certaines organisations syndicales qu’elles généralisent avec le patronat, entreprise par entreprise, le dispositif des accords de maintien dans l’emploi qui doit conduire à travailler plus sans contrepartie en terme de salaire.

Ces recettes, qui sont le marqueur de toutes les politiques d’austérité menées en Europe depuis 2008 par des gouvernements de droite ou de gauche, ont toutes un point commun : elles accentuent la crise, elles plombent la croissance, elles augmentent le chômage et appauvrissent les travailleurs. En un mot elles sont suicidaires.

Même le FMI commence à s’en inquiéter, c’est dire !

L’économiste américain Paul Krugman dénonce aussi cette politique qui est menée en France. Pour lui, les politiques d’austérité ont un effet multiplicateur sur la chute de la croissance et sur les difficultés budgétaires. Loin de l’auto flagellation pratiquée en France par les politiques et les commentateurs soi-disant autorisés, le prix Nobel d’économie 2008 considère que la France ne va pas si mal au regard de son taux d’emploi (supérieur à celui des États Unis), de sa compétitivité sur les marchés mondiaux...

Pour Paul Krugman, « la France souffre d’hypocondrie ». Et c’est cette hypocondrie qui « l’amène à accepter des remèdes de charlatans qui deviennent la véritable cause de sa détresse ».

La récession est donc plus le produit des politiques d’austérité menées depuis 2008, que le résultat d’un manque de compétitivité des entreprises lié au prétendu poids des charges et des rigidités du marché du travail. Et pourtant, le gouvernement continue à employer et à multiplier « ces remèdes de charlatans » ! C’est aux travailleurs d’y mettre fin.

Alexandre TOTT
Secrétaire général
UD FO MOSELLE