Aujourd’hui les épiceries et les marchés, demain l’ensemble des commerces !

, par Udfo57

La conférence de presse FO et CGT :

Alexandre TOTT - secrétaire général FO, Denis PESCE - secrétaire général CGT, Bernard PETIT - avocat de l’UD FO (Ralph BLINDAUER, avocat de la CGT ne pouvait pas être présent)

Cette conférence de presse a été l’occasion de rappeler l’opposition de FO et de la CGT à toute généralisation du travail le dimanche, et d’expliquer les raisons qui ont conduit les deux Unions départementales à demander au tribunal administratif l’annulation de la décision du Préfet autorisant l’ouverture des commerces d’alimentation générale - épiceries de moins de 120 m2 - et l’organisation de marchés.

Pour l’Union départementale FO, il s’agit tout d’abord d’une question de principe car le repos dominical est pour notre organisation syndicale un droit dont les dérogations doivent être strictement limitées.

Le code du travail prévoit en effet que dans "l’intérêt des salariés, le repos hebdomadaire est donné le dimanche". Ainsi, le repos dominical est un droit mais aussi un véritable facteur de cohésion sociale et familiale.

Tous les salariés qui sont dans l’obligation de travailler régulièrement les dimanches et les jours fériés savent très bien quelles contraintes cela fait peser sur leur vie sociale et familiale ; contraintes et difficultés que mêmes des contreparties salariales n’effacent pas.

C’est dans ce cadre que se situe l’action des syndicats, en tout cas de FO.

Alors que de toutes parts le gouvernement, les pouvoirs publics, les organisations patronales n’ont que le "dialogue social" à la bouche chacun voit très bien qu’il ne s’agit que d’un prétexte pour faire avaliser de nombreuses contre-réformes, tant au niveau national qu’au niveau local. En effet, dès lors qu’aucune organisation syndicale n’accepte de se soumettre, le naturel autoritaire et arbitraire revient au galop.

Au niveau national, le premier ministre, au service du patronat et des libéraux de tous poils, est prêt à imposer l’ouverture des commerces le dimanche par ordonnances, au mépris de la plus élémentaire démocratie.

En Moselle, le Préfet a lui aussi choisi cette voie par anticipation, puisque sans discussion, sans concertation, sans négociation (tout au moins avec les syndicats) il a décidé autoritairement de prendre un arrêté en plein mois de juillet. FORCE OUVRIÈRE ne l’accepte pas.

FO conteste toute compétence au Préfet pour décider de nouvelles dérogations au repos dominical et lui dénie le droit de vider le droit local des garanties et des protections qu’il contient pour les salariés : et c’est exactement la conséquence de sa décision.

Certains nous opposent d’une part le faible impact de la décision sur les salariés (les épiceries de moins de 120 m2 et les marchés) et d’autre part la demande des consommateurs.

S’il est vrai qu’en ce qui concerne les épiceries les conséquences sur les salariés seront modestes, toutefois pour les marchés la question est tout autre. L’autorisation du Préfet couvre en effet les marchés de denrées alimentaires, de fleurs et de produits manufacturés. Il est inévitable, dans ce cadre, qu’à très court terme les commerçants (vêtements, chaussures, maroquinerie...) crieront à la concurrence déloyale et réclameront leur part du gâteau !

Les dispositions particulières à l’Alsace et la Moselle dans le code du travail ainsi que le statut local mosellan autorisent l’ouverture de certains commerces qui permettent de satisfaire les besoins de la population qui ont un caractère journalier ou qui se manifestent particulièrement le dimanche : avoir du pain qui ne soit pas rassis, acheter des médicaments quand c’est nécessaire, offrir des fleurs qui ne soient pas fanées, utiliser les transports en commun pour se déplacer, avoir les informations et les nouvelles du jour pour la presse...

En ce qui concerne les épiceries, on n’est absolument pas dans ce cadre pour une boite de petits pois, une boite de gâteaux secs ou demain un sac à main ou un pantalon qui peuvent bien être achetés sans conséquences la veille ou le lendemain !

Mais le Préfet justifie sa décision par "les légitimes aspirations de la population et le développement du tourisme", sans que d’ailleurs ces prétendues légitimes aspirations ne soient démontrées. Cette argumentation et cette démonstration invérifiable permettront demain aux Pouvoirs publics de satisfaire sans limite les aspirations illégitimes de certains lobbyes marchands.

Tout le monde sait qu’un certain nombre d’épiceries ouvraient depuis des années en toute illégalité. Au lieu de les sanctionner, le Préfet a trituré les textes et adapté la règlementation en satisfaisant les exigences du patronat.

C’est un appel sans équivoque des Pouvoirs publics aux commerçants les incitant à enfreindre la loi. La préfecture régularisera ensuite la situation !

Le premier Ministre aime l’entreprise, le Préfet a démontré qu’il aimait lui l’épicerie ! C’est moins ambitieux, certes, mais cela remet malgré tout en cause les droits des salariés.

Même les raisons économiques n’existent pas : pas de création ou de préservation d’emplois, le pouvoir d’achat des salariés et des consommateurs n’est pas extensible. C’est ignorer aussi par exemple la situation messine : la baisse notable de fréquentation du centre ville le samedi, la fermeture de nombreux magasins concurrencés par le développement de zones commerciales gigantesques... mêmes les restaurants pourtant autorisés à ouvrir le dimanche et les jours fériés restent fermés ce jour-là pour beaucoup d’entre eux.

Cet arrêté préfectoral est donc une porte d’entrée vers la banalisation complète de l’ouverture des magasins le dimanche avec toutes ses conséquences pour les salariés du commerce.

Voilà les raisons pour lesquelles l’Union départementale FO a saisi la justice. Nous ne sommes pas assuré de gagner, mais il n’y a que les batailles qu’on ne mène pas qui sont perdues d’avance.

Mais, si les syndicats devaient perdre, alors ce serait assurément la victoire de l’arbitraire et le travail obligatoire pour tous les salariés du commerce de détail.